Des idées pour une économie québécoise plus innovante

Par Jean-François Harvey,
Directeur pour le Québec du CCI

La nouvelle session parlementaire à Québec a débuté il y a une semaine, et cet automne sera critique pour le premier ministre François Legault. À un an des prochaines élections provinciales, alors que l’on traverse un contexte économique difficile, les innovateurs québécois ont plus que jamais besoin d’un gouvernement à la hauteur du moment.

Alors que le gouvernement cherche à rationaliser les dépenses, l’occasion semble belle pour adopter de nouvelles idées et de faire avancer une vision économique ambitieuse pour générer plus de richesse et de prospérité pour tous les Québécois.

Notre mémoire prébudgétaire contient plusieurs propositions que nous espérons voir reflétées dans le budget 2026. Cependant, au-delà des annonces et des postes budgétaires, ces idées nécessitent une véritable vision à long terme et un engagement soutenu.

Alors que les dirigeants politiques du Québec débattent de l'économie à l'Assemblée nationale, voici quelques idées dont ils devraient discuter :

Développer une infrastructure numérique québécoise

Nos données sensibles — transactions bancaires, dossiers médicaux, communications — sont majoritairement stockées dans le nuage, exposées à des lois étrangères intrusives comme la Loi Cloud américaine qui autorise Washington à consulter toutes les données hébergées par des entreprises américaines.

La province a l'opportunité de devenir un chef de file en misant sur l'expertise et le savoir-faire de ses entreprises locales. C’est en soutenant activement nos fournisseurs québécois et en investissant massivement dans leurs capacités de calcul en IA et leurs centres de données, que le Québec se dotera d'une véritable souveraineté numérique.

Une telle stratégie de développement local permettra de maintenir la compatibilité avec les standards internationaux tout en évitant la dépendance aux fournisseurs étrangers. Sans une priorité claire accordée à nos entreprises technologiques québécoises et des objectifs concrets pour l'adoption de leurs services, la province risque de prendre un retard insurmontable. Cet enjeu est extrêmement important pour la prospérité économique du Québec à long terme et nous avons hâte de contribuer à mettre en place des politiques ambitieuses en ce sens.

Promouvoir le contenu local dans les approvisionnements gouvernementaux

Nous le disions l’an dernier et nous continuons de le marteler sur toutes les tribunes : Le Québec doit adopter une approche pangouvernementale en matière d’approvisionnement qui facilitera une plus grande participation des entreprises québécoises innovantes en réduisant le fardeau administratif et en augmentant la transparence des différents processus. L’obtention d’un contrat d’approvisionnement gouvernemental est l'outil de développement économique le plus puissant dont dispose le gouvernement. S'il est utilisé de manière stratégique, il peut répondre aux besoins du secteur public avec des solutions novatrices uniques, et également stimuler des secteurs clés et contribuer ainsi à soutenir la croissance économique. Nous souhaitons travailler avec le gouvernement pour mettre en place les conditions gagnantes – en s’inspirant par exemple d’une initiative telle que la Building Ontario Businesses Initiative.

S’assurer de considérer les entreprises locales et leur expertise dans le projet de Dossier santé numérique (DSN)

Depuis un an, Santé Québec déploie un projet pilote pour un système unique de dossiers électroniques dans tous les hôpitaux. Nous appuyons cette initiative louable, mais croyons que le gouvernement devrait s'appuyer sur l'expertise locale plutôt que de confier l’entièreté du contrat à une multinationale étrangère. Le Québec compte déjà de nombreuses entreprises en technologies de la santé bien établies, intégrées à l'écosystème et connaissant les particularités du système québécois. D'autres provinces comme l'Alberta et Terre-Neuve ont adopté des modèles hybrides combinant entreprises locales et étrangères. Il est possible de réussir le projet de dossier santé numérique tout en faisant une place importante aux entreprises d'ici. Il serait catastrophique de ne pas utiliser cet ambitieux projet comme un tremplin pour nos innovateurs locaux et au contraire de les tasser sur les lignes de côté. Le Québec ne peut pas se permettre de gâcher une telle opportunité.

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